2020, année miroir, est aussi le nombre d’or de ce millésime rare : la proportion parfaite, l’harmonie idéale . Il évoque à la fois le temps cyclique de la vigne et de son travail, un idéal d’équilibre et cette dualité traversée, dépassée et finalement sublimée qui le caractérise.

Entre un hiver tout en douceur et le printemps, pas de rupture mais au contraire une transition fluide assurée par des précipitations abondantes -il tomba l’équivalent d’une année de pluie entre novembre 2019 et juin 2020- qui permirent de constituer des réserves d’eau nécessaires à la vigne pour couvrir la période estivale.

Puis vinrent des mois chauds, sans excès mais très secs jusqu’aux orages de la mi-août qui apportèrent à la terre juste ce dont elle avait besoin pour accompagner l’activité de la vigne, au lieu de la ralentir ou de la bloquer. Cette alternance en apparence très marquée, presque violente, a été amortie par nos sols argileux qui, à la manière d’une éponge, ont pu conserver l’humidité et la restituer avec parcimonie et régularité à la vigne.

Cet épanouissement régulier et harmonieux est marqué par quelques étapes importantes. Avec un cycle végétatif qui démarre précocement et quelques craintes de gelée finalement sans conséquences, la floraison est rapide et parfaite surtout dans les vignobles précoces juste après le 15 mai. La véraison à la mi-juillet se fait dans d’excellentes conditions.

L’état sanitaire est irréprochable tout au long du processus et les raisins se gorgent de sucre en bénéficiant d’une maturation régulière jusqu’à la fin.

Les baies restent petites mais entières, les peaux sont épaisses et les pépins mûrs.

Bien que solaire, ce millésime reste parfaitement équilibré : des alcools relativement élevés, que contrebalancent subtilement des ph exprimant toute la fraîcheur et l’intensité du fruit.

A Angélus cette année-là, les vendanges débutèrent le 15 septembre et furent particulièrement brèves :  8 jours pour les Merlots ! Et seulement trois,  les 28, 29 et 30 septembre, pour les Cabernets francs qui furent ramassés dans des conditions absolument idéales. Rarement nos cabernet francs nous ont paru à ce point sublimés par le millésime.

Nos impressions lors de la dégustation des baies n’ont cessé de se confirmer ensuite: tanins soyeux et serrés, couleur très profonde et précision des arômes du fruit mûr, complexité aromatique d’une rare intensité, grande persistance d’une fraîcheur très vive qui se situe au cœur de la trame.

Cette tension résolue comme cette dualité sublimée ont forgé le caractère d’un nouvel Angélus d’anthologie, indubitablement destiné à frapper les esprits et à marquer les mémoires.