2016, le Rayonnant
3 mois d'été sans eau : de mémoire de vigneron, on n'avait jamais vu ça ! Cette climatologie surprenante, ces conditions incroyables, nous promettent un millésime grand, imprévisible, inattendu. Jusqu’au 20 juin, le temps ne nous a pas ménagé, nous imposant une pluviométrie très abondante, environ 750 mm, ce qui correspond au cumul de pluie dans une année sèche à Bordeaux... Malgré ces conditions, la floraison s’est bien passée. Dès la dernière semaine de juin, le beau temps s'est installé et, fait rarissime, ne nous a plus quitté jusqu'aux vendanges. Nous avons eu un mois de juillet ensoleillé mais plutôt frais avec des nuits froides. A la fin du mois de juillet, la température de l'océan était très inférieure aux températures habituelles à cette période. Et pas une goutte d'eau. Août a vu les températures grimper avec quelques jours de canicule, au-delà de 35 degrés. Cependant, l'amplitude jour / nuit était de 1 pour 2 durant tout le mois, ce qui est très favorable à l'expression aromatique de nos raisins et au maintien de la fraîcheur du fruit. A cela s’ajoute une quasi absence de pluie, 5 à 8 mm ce qui n'est rien, ou le strict minimum pour permettre à la plante de s'hydrater. C’est alors que les très jeunes vignes commencent à souffrir. Les vignes plus anciennes, particulièrement sur les sols argileux et/ou calcaires, résistent, elles, magnifiquement bien (le calcaire et l'argile se comportent comme une éponge qui s'engorge en période humide, et redistribue l’eau captée pendant les périodes sèches).
Depuis plus de 35 ans que j'observe le vignoble, j'avais toujours été habitué aux orages du 14 juillet et du 15 août. Cette année rien, rien de tout cela ! En septembre, l'été continue et avec lui la chaleur : des températures de 28, 30 degrés sont notre quotidien. A la mi-septembre, un gros orage est annoncé. Chacun d'entre nous tremble. Mais les gros nuages blancs et gris menaçants se transforment finalement en une pluie bienfaitrice. 19 puis 4 mm de pluie. Cette eau tombée du ciel vient redonner énergie, force et respiration à notre vignoble. Puis, le beau temps revient très vite. La maturation des tanins s'effectue lentement et les premières vendanges débuteront début octobre pour les grands vins. Les fraîcheurs des nuits d'été ont préservé les arômes et l’acidité. Les perspectives climatiques des deux prochaines semaines nous laissent envisager des vendanges paisibles, à la carte, permettant d’espérer et d’attendre un nouveau un grand millésime à Angélus ! Un millésime rayonnant à l’image de cet été de trois mois qui a décidé de son destin et façonné son identité.
Commentaire de dégustation du millésime 2016
Comme nous nous y attendions, les merlots, sélectionnés sur les sols argileux qui leur ont été particulièrement favorables cette année, offrent une couleur extrêmement profonde, leur richesse en alcool est parfaitement intégrée. Ce sont le fruit, la fraîcheur, la race et l’élégance qui dominent. Les vieux Cabernets Francs, leur croquant, magnifient ce très grand millésime d’Angélus et subjuguent par leur niveau de qualité : un touché de tannins cachemire, une grande suavité, des notes d’épices. Ils rivalisent d’élégance avec les merlots. Assemblés, ces 2 cépages alliant fraîcheur, tension et pureté aromatique, avec une structure élégante, stable et de très longue garde, donnent un millésime étonnant d’énergie.
Assemblage 2016 : 60 % Merlot, 40 % Cabernet Franc.